Jimmy Carter, prix Nobel de la paix, est décédé chez lui, en Géorgie, dimanche, à l'âge de 100 ans, a annoncé sa fondation. Le "meilleur ex-président des États-Unis", selon Time Magazine, n'aura cessé d'œuvrer pour la paix. Il a notamment été l’artisan des accords de Camp David en 1978 entre Israël et l'Égypte.
Jimmy Carter, qui s'est éteint le dimanche 29 décembre, restera dans les mémoires comme un médiateur-clé des conflits internationaux et un défenseur inaliénable des droits de l’Homme. Son plus grand succès en tant que président demeure la signature des accords de paix de Camp David en 1978 réconciliant l'Égypte et Israël.
Le jeune Carter avait initialement emprunté le même chemin que son aïeul. En 1953, engagé à cette époque dans la Navy, il avait décidé, à la mort de son père, de tout abandonner pour reprendre l'affaire familiale d'arachides. "Ma plus grande ambition, quand j’étais enfant était d’être utile à la ferme et de plaire à mon père", raconte l’aîné des quatre enfants dans un de ses livres, "An Hour Before Daylight".
Sa carrière politique débute en 1962, dans l’État de Géorgie. Jimmy Carter se présente à ce poste sous l'étiquette démocrate. Après deux mandats successifs de sénateur, il se tourne vers le poste de gouverneur de l’État mais échoue une première fois en 1966. Il réussira quatre ans plus tard en s’appuyant sur le vote de la classe moyenne, à tendance ségrégationniste. Pourtant, le discours d'investiture du nouveau gouverneur de cet État sudiste ne manque pas de détonner lorsqu’il déclare que "l’époque de la discrimination raciale est bel et bien révolue".
Un candidat qui incarne le changement
Rapidement, Carter aspire à la présidence des États-Unis. En 1974, il annonce sa candidature. Dans un premier temps, le candidat démocrate méconnu ne semble pas faire le poids face à des concurrents avertis. Mais les Américains, déçus par une classe politique qui se discrédite avec le scandale du Watergate et s'embourbe dans la guerre du Vietnam, voient dans ce candidat éloigné de Washington un espoir de changement. D'autant que son intelligence, son discours centriste et son éloquence séduisent. Il est nommé candidat lors de la Convention nationale en 1976.
Carter, qui se présente comme un réformiste étranger aux scandales politiques de Washington, bénéficie durant la campagne d'une large avance sur le républicain Gerald Ford. Mais quelques bourdes, comme sa promesse d'amnistier les déserteurs de la guerre du Vietnam ou encore son interview accordée au magazine Playboy, lui font perdre des points dans les sondages. Carter sort, malgré tout, vainqueur d’une courte tête (50% contre 48%) lors des élections du 2 novembre 1976.
Le 39e président des États-Unis d'Amérique, qui prête serment le 20 janvier 1977 sous le nom de Jimmy Carter, apporte à la Maison Blanche son style simple et austère. Lors de son discours inaugural, il annonce que désormais, les lumières autour des monuments de Washington ne resteront pas allumées en permanence, que le yacht présidentiel sera vendu et appelle les Américains à baisser leur thermostat chez eux.
Durant son mandat, il tente de résoudre le manque de ressources en créant le ministère de l'Énergie et libère les prix du pétrole domestique pour stimuler la production. Il réforme la fonction publique afin d’améliorer l'efficacité du gouvernement et nomme un nombre record de femmes, d'Afro-Américains et d'Hispaniques à des postes gouvernementaux. Mais le président se heurte à plusieurs reprises au Congrès concernant des projets de réforme et n'a également plus la cote auprès des Américains.
Premier traité de paix entre Israël et un pays arabe
Le président se tourne alors vers la politique étrangère, où il s’implique sans relâche. Il impose sa propre marque basée sur la défense des droits de l'Homme dans le monde. Il compte de nombreux succès à son actif, notamment la ratification des traités sur le Canal de Panama en septembre 1977 qui met le canal sous contrôle panaméen ; l'établissement de relations diplomatiques avec la République populaire de Chine en décembre 1978 ; et la négociation du traité sur la limitation des armes nucléaires SALT II (Strategic Arms Limitation Talks) avec l'URSS en juin 1979.
Mais sa plus grande victoire reste incontestablement les accords de paix de Camp David en septembre 1978. Après plusieurs jours de négociations secrètes entre Israël et l’Égypte, le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin signent, sous l’égide de Jimmy Carter, le premier traité de paix entre Israël et un pays arabe.
En 1979, la crise pétrolière complique la donne pour Carter. Le pays, qui s'enlise dans la pire récession depuis les années 1930, est plombé par une inflation record et un chômage élevé. Durant l’été, il s’adresse à la nation pour évoquer la crise de confiance dont souffre le peuple américain.
Son image continue de se ternir avec la crise des otages en Iran, qui domine la dernière année de son mandat. Cinquante-deux ressortissants de l'ambassade américaine à Téhéran sont retenus par des militants iraniens qui réclament le retour du Shah en Iran - réfugié aux États-Unis - pour qu'il y soit jugé et exécuté. Dans le même temps, Carter connaît un autre revers : l'invasion soviétique de l'Afghanistan en décembre 1979, qui engendre la suspension des plans de ratification du traité SALT II. Ces évènements portent un coup fatal à sa réélection en 1980 ; la victoire de Ronald Reagan, qui a multiplié les phrases assassines contre son rival en promettant la reprise économique, est sans appel.
"Une toute nouvelle vie"
Jimmy Carter est alors de retour dans sa ville natale de Plains pour mener ce qu’il a appelé une "toute nouvelle vie, non désirée et potentiellement vide". Il remplit ses journées à enseigner à l’Université Emory, à rédiger ses mémoires. Au total, il aura écrit, au cours de sa vie, une vingtaine d’ouvrages dans des domaines aussi divers que la poésie et la fiction historique.
Mais, l'ancien président ne s’adapte pas à cette tranquille retraite. En 1982, Jimmy et Rosalynn créent la fondation Carter Center à Atlanta, un tremplin qui va le relancer sur la scène internationale. L’institution mène plusieurs missions d'observation lors d’élections à travers le monde (Panama, Nicaragua, Haïti, Éthiopie, Indonésie, les Territoires palestiniens…).
Carter est nommé médiateur dans de nombreux conflits. En 1994, il participe à l'apaisement de la crise nucléaire entre son pays et la Corée du Nord et prend part aux négociations pour un cessez-le-feu en Bosnie-Herzégovine. En Afrique, sa fondation mène des programmes de développement et contribue notamment à l'élimination de la maladie du ver de Guinée. En 2002, il se rend à Cuba et s’exprime ouvertement sur la télévision d'État. Il y évoque les carences du régime cubain en matière de droits de l'Homme mais se prononce également en faveur de la levée du blocus économique.
En octobre de la même année, il reçoit le prix Nobel de la paix pour sa lutte en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme à travers le monde. Il est le troisième président à recevoir ce prix, après Théodore Roosevelt en 1906 et Woodrow Wilson en 1919, mais il est le seul à l'avoir reçu après son mandat de président. Ses efforts pour la paix lui ont, d'ailleurs, valu en 1989 d'être nommé le "meilleur ex-président des États-Unis" par le Time Magazine.
HPN
Source : France 24
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