Bien que ce problème ne soit pas nouveau en Haïti, il est à souligner que de nombreuses personnes estiment qu’il est toutefois important de continuer à faire le plaidoyer pour que l’État puisse enfin agir sur les conditions lamentables de détention dans les prisons du pays. Les centres carcéraux en Haiti sont considérés comme étant des espaces dédiés plutôt à la mort que pour la réhabilitation de l’incarcéré , selon le témoignage de nombreux observateurs.
Au Pénitencier national (Port-au-Prince) l’on compte près de 4 000 détenus, parmi eux, à peine une centaine auraient été jugés et condamnés. La prison civile des femmes à Cabaret est souvent confrontée au problème du gang de Canaan, non-loin. Dans les autres centres de detention comme à Saint-Marc, Jacmel, entre autres, la situation des détenus n’est pas différente.
Outre le dilemme de la détention préventive prolongée qui s’aggrave avec la situation sécuritaire du pays, empêchant ainsi les autorités judiciaires d’organiser des audiences, nombreux, sont en effet des prisonniers et des prisonnières en manquent criant d’eau potable, de nourriture, d’hygiène, de soins de santé et de médicaments qui souffrent de toutes les maladies et de tous les maux derrière les barreaux. Ce qui fait que les centres de détention haïtiens déjà désuets et déshumanisants sont vus comme de véritables poubelles et de dépotoirs humains.
Fonctionnant sous le contrôle effectif des Commissaires du gouvernement qui, eux-mêmes, dépendent du ministère de la Justice et de la Sécurité publique, les centres carcéraux non alimentés en nourriture à l’image de beaucoup d’autres institutions étatiques du pays en situation de crise, sont aujourd’hui sur la pente d’une catastrophe humanitaire, suivant les prévisions de plus d’un. Une situation lamentable déjà déplorée depuis des lustres mais qui reste pourtant au fil des ans inchangée.
Intervenant sur les ondes de Télé Métropole, ce mercredi 17 mai 2023, à la veille de la célébration du 220e anniversaire du bicolore national, c’est avec tristesse que Me Arnel Rémy, membre du Collectif des avocats pour la défense des droits de l’homme, a décrit la situation tragique des détenus dans les prisons du pays.
De l’avis de l’homme de loi, il n’y a nullement côté des autorités concernées qui, a-t-il déploré, ne font que de la politique pour rester le plus longtemps possible au pouvoir, une volonté politique manifeste de pouvoir restaurer la dignité humaine dans les prisons en Haïti.
En ce sens, Me Arnel Rémy qui passait en revue les situations ayant provoqué récemment le décès de quelques détenus à la prison de Saint-Marc, a dénoncé au passage les organismes de défense des droits humains qui, a-t-il reproché, n’accordent trop souvent pas d’importance à la dignité des personnes qui croupissent derrière les barreaux.
« Les autorités de l’État disent que les prisonniers coûtent chers. Quel intérêt d’investir au bénéfice de ces derniers. Mais ces autorités ne se souviennent pas de la question du respect des droits de la personne humaine dans un pays », a regretté l’avocat, lequel a souligné en passant le dysfonctionnement du système lié à l’instabilité politique qui impacte négativement aussi sur ce phénomène.
Pour tenter de résoudre ce problème dans l’immédiat, Me Arnel Rémy a proposé la reprise des activités judiciaires, afin de désengorger les centres carcéraux, tenant compte que les trois quarts des prisonniers sont sous le régime de détention préventive prolongée.
« Que l’État puisse donner les moyens nécessaires aux Commissaires du gouvernement et à la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) pour pouvoir organiser des audiences dans les Tribunaux », a-t-il conclu.
Alix Laroche/HPN
Photos: Archives Google
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