top of page

Haïti-Gouvernement-CPT :  Entre lutte intestine, Corruption, insécurité et incertitude





Depuis plusieurs semaines, les yeux des observateurs avisés sont tournés vers la crise politique intestine entre le Conseil Présidentiel de Transition ayant pour leader situationnel Leslie Voltaire et le Gouvernement de Garry Conille. M. Voltaire, malgré son état de santé précaire et contre toute attente, est arrivé à la Coordination du Conseil suite au scandale désormais connu sous le titre « Affaires BNC » impliquant trois Conseillers-Présidentiels. L’Unité de lutte contre la Corruption (ULCC) dans son rapport a recommandé la saisie par la justice de cette affaire pour mieux approfondir ce dossier. Tel n’est pas le cas puisque ces Conseillers continuent de siéger au sein du CPT avec le soutien apparemment inébranlable des autres Conseillers-Présidentiels à l’exception de l’ancien Coordonnateur du CPT Edgard Leblanc Fils.


Le malaise et l’Affaire BNC


Les arguments n’ont pas suffi pour expliquer la présence de ces Conseillers-Présidentiels dans une chambre d’hôtel à Pétion-Ville (408) pour rencontrer le Président du Conseil d’Administration de la BNC. Un autre endroit aurait été plus adapté pour des Officiels. 100 millions de gourdes auraient été réclamés pour assurer la continuité du Directeur du Conseil de la BNC. Le Plus normalement du monde, ces derniers devaient démissionner ou rappeler par les secteurs qu’ils représentent. Ce n’est pas le cas.  Est-ce qu’on doit comprendre que la Politique haïtienne à une autre morale et d’autres règles ?  Certaines décisions doivent relever de la morale et de la logique sociale avec spontanéité sans les normes administratives. Et c’est regrettable que nos hommes d’Etat n’arrivent pas à toucher ce degré de compréhension des affaires publiques et qui malheureusement fait payer à la population les tracas d’aujourd’hui parce que de telles actions deviennent trop récurrentes dans notre société. Une situation qui crée un malaise au sein de la gouvernance du pays.


Ne demandez pas aux autres nations de nous respecter quand nous ne nous respectons même pas. La dégradation morale est telle que les autres Conseillers-Présidentiels, au lieu de demander à leurs pairs indexés dans cette Affaire de faire un geste, qu’ils ont préféré voter une résolution pour apporter de légers changements donnant le leadership du Conseil à Leslie Voltaire. Ce dernier semble présenter la meilleure garantie aux présumés corrompus en lieu et place d’Edgard Leblanc Fils, écarté. « Que celui qui est sans pécher lance le premier la pierre », résume la réponse de nos dirigeants politiques du CPT dans l’Affaire BNC.


Guerre ouverte entre CPT et Gouvernement Conille


Le malaise entre le gouvernement Conille et le CPT est évident et présente un spectacle hideux à l’Exécutif qui dirige aujourd’hui le Pays. Certains refusent de s’asseoir avec des présumés corrompus, d’autres n’acceptent plus la présence de certaines personnalités du Gouvernement comme la Ministre des Affaires étrangères Dominique Dupuy qu’ils jugent trop excentriques aux affaires de l’Etat : Elle ne se soumet pas aux Conseillers-Présidentiels, elle prend position sans contacter le CPT, elle ferme la porte au Nez d’un Conseiller-Présidentiel lors d’une réunion de haut niveau aux Nations-Unies. Bref, Mme Dupuy semble porter le mal de la République. Mais le problème est plus complexe qu’il est difficile d’accepter ces allégations pour vraies alors qu’il existe une réelle guerre d’influence au sein des deux entités Exécutives de l’Etat haïtien à l’approche des élections. Cette guerre ne peut être comprise sans creuser les véritables intentions de l’International, des hommes politiques et de l’élite économique du Pays.


Entre Elections, Insécurité et lutte de Pouvoir


Malheureusement les deux structures politiques du Pouvoir en Haïti n’arrivent pas à comprendre qu’elles font parties d’un projet de transition et qu’elles ont chacune une mission commune : Résoudre le problème de l’insécurité et réaliser des élections pour renouveler le personnel politique normal trop longtemps absent. Les élections font partie d’une démarche démocratique pour renforcer la Gouvernance et cela doit passer par le dialogue. Plusieurs entités sont concernées par ce grand projet et il faut scruter la position de chacune d’elle pour comprendre la situation à laquelle le pays fait face et la menace qui pèse sur notre nation déjà fragilisée par les violences.


Notre système électoral coute excessivement cher. Et Les élections sont généralement contestées comme l’avait rappelé l’ancien ministre sans portefeuilles s’occupant des affaires électorales Mathias Pierre. Ce qui réduit considérablement les marges de manœuvre des élus qui ne peuvent prendre des décisions importantes pour la population car leur légitimité est remise en question. Avec la multitude de partis politiques contestataires, le Pays vit continuellement une instabilité qui ne donne aucune possibilité à la société de fonctionner normalement. Pour trouver une solution acceptable à l’organisation des élections, il faut trouver un espace de discussion continue, de compromis politique et de gouvernance commune. Le Conseil Electoral doit définitivement être permanent.


Elections, International, partis politiques et élite économique des pieds de grue

L’International veut résoudre immédiatement le problème HAITI. Un problème pour lequel des milliards de dollars ont été dépensés durant les 25 dernières années sans trouver des résultats concrets. Aujourd’hui, les acteurs internationaux ont les yeux tournés vers d’autres défis avec la guerre en Ukraine, le conflit au Proche et au Moyen Orient sans oublier la menace de l’extrême droite dans les grandes démocraties. Le mieux, selon les amis dits d’Haïti, serait de réaliser les élections peu importe les conditions mais avec des dirigeants qui donneraient la garantie d’une stabilité sur le long terme. Pour cela, l’agenda des institutions financières internationales est clair : L’émergence d’une nouvelle classe politique.


Pour les partis politiques en Haïti, chaque dirigeant se voit au Palais National. Chaque chef de parti est un Président de la République et tous les moyens semblent bons. Entre autres, La politique est devenue l’apanage des dealers de drogue qui cherchent l’immunité pour se protéger d’éventuel questionnement des agents de la DEA sur leurs activités nocturnes. Pour y parvenir, des armes de guerre sont distribuées à des activistes de tout poil pour prendre le pouvoir. Avec de telles pratiques, un grand coup de balai s’avère important pour nettoyer cet espace et trouver des hommes capables de faire la politique autrement avec au passage une nouvelle Constitution.

L’Influence de l’élite économique dans ce contexte électoral rend encore les choses plus complexes. Les luttes de cartels pour le contrôle des finances du Pays ont détruit l’économie du Pays. Cette élite a pendant longtemps joué un rôle de premier plan lors des élections en Haïti alors que sa principale occupation devrait être la création d’emplois. L’apparition de certains noms dans l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moise montre le niveau d’implication de ce secteur dans la vie politique du Pays. Une implication qui offre un spectacle affreux chez les voisins de Montagne Noire, de Thomassin et des Hauteurs de Kenskoff.  


Le Président Moise, avant son assassinat, a révélé une vérité à laquelle personne ne faisait attention. « Le peuple votait en masse lors des joutes électorales et ensuite une dizaine d’hommes d’affaires arrivaient au Palais national pour réclamer le pouvoir au Président élu ». Aristide a dû faire face à cette malheureuse réalité en perdant seulement le Pouvoir, sauvé par les services secrets et la CIA qui ne voulait pas un précédent. Toutefois, les affaires coulaient en toute douceur avec René Préval au Pouvoir. Ce dernier a fait ses mandats sans s’inquiéter. Des contrats juteux ont été signés donnant plein pouvoir aux hommes d’Affaires dans la gestion des entreprises publiques.


Le Pays dans l’incertain

Le Pays est aujourd’hui ruiné par les politiques de clan et pris en otage par des gangs armés. Les opérations policières ne font que diminuer les dégâts sans pouvoir apporter la solution. Elle ne viendra pas cette solution car on ne peut mettre la charrue avant les bœufs. Les émotions n’ont pas leur place dans une situation aussi complexe. Plus de 6 à 7 millions d’Haïtiens sont menacés par la crise alimentaire. La moitié de la population est sous-alimentée. Malgré une apparente stabilité de la monnaie nationale, les prix des produits de première nécessité explosent et l’inflation devient incontrôlable.


 Chacun cherche à se tirer d’affaire car dans des conditions aussi chaotiques, il devient impossible de mener une politique de création d’emplois. Les économistes sonnent une fois la sonnette d’alarme afin de trouver un modus operandi et une sortie facilitant un reconditionnement social et économique. Des gens de la Diaspora s’énervent et s’impatientent de voir les routes et les rues s’ouvrir et connaitre un regain d’activités pour faciliter leur retour au pays.


Le conflit entre le gouvernement et le CPT arrive au mauvais moment et ces entités devraient comprendre que le temps ne s’y prête pas. La Politique de clan, les guerres de cartels et les violences qui tendent à se normaliser dans notre société doivent faire place à un dialogue permanent entre les différents secteurs. Et cela doit commencer aujourd’hui avec des mesures concrètes pour réaliser la Conférence Nationale en acceptant de s’asseoir avec tout le monde, de prendre des mesures impopulaires pour mieux tourner la page et en ouvrir une nouvelle. Sinon, une nouvelle page de la transition s’ouvrira.


Eddy TROFORT

HPN

53 vues0 commentaire

Comments


ONA.jpg
brh_ad.jpg
votre_publicite.jpg
kredi-ener.jpg
hpn_full_logo.png
bottom of page