
Par Alix LAROCHE
Nommé, il y a deux ans, par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, William O'Neill, expert des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Haïti qui était en mission de terrain dans le pays pour la quatrième fois, dans le but de faire un état des lieux de la situation des droits de l’homme, a déclaré à la presse à New-York, le mardi 11 mars 2025, que la survie d’Haïti est en jeu, a appris HPN dans une note du BINUH.
« Ce bref séjour en Haïti, m’a permis de prendre la mesure de la situation, non seulement de sa gravité, mais aussi et surtout, de la douleur et du désespoir de toute une population. La souffrance imprègne toutes les couches sociales, en particulier, des plus vulnérables. Malgré les efforts déployés par la Police Nationale d’Haïti (PNH) et de la Mission nationale d’appui à la sécurité (MMAS), le risque de voir la capitale tombée sous le contrôle des gangs est palpable », a indiqué William O’Neill.
Pour faire sentir la gravité de la situation, il a rapporté les témoignages poignants et émouvants de quelques femmes battues et violées, avant de voir les criminels exécutés sous leurs yeux, le père de l’une d’entre elles dans la commune de Kenscoff.
L’expert indépendant des Nations Unies a rapporté à la presse New-yorkaise, que ces violents groupes criminels continuent d’étendre et d’asseoir leur emprise au-delà de la capitale haïtienne.
« Ils tuent, violent, terrorisent, incendient les maisons, les orphelinats, les écoles, les hôpitaux, les lieux de cultes, recrutent des enfants et infiltrent toutes les sphères de la société. Tout ceci, dans la plus grande impunité et parfois, comme le soulignent beaucoup de sources, avec la complicité d’acteurs puissants », a-t-il fait savoir.
Selon O’Neill, la violence a créé plus d’un million de déplacés internes, et encore des milliers ont été déplacés ces dernières semaines. Ils n’ont nulle part où aller. Dans les camps de fortune, la faim et la violence sexuelle sont monnaie courante. Il s’agit pour beaucoup de survivre.
D’après l’expert onusien, l’unité et la solidarité doivent guider l’action politique à tous les niveaux, dans l’intérêt de la population.
Ils doivent être les principes directeurs de tous les acteurs haïtiens en priorité, afin d’assurer la sécurité, la primauté de la justice et la survie de l’Etat. La lutte contre l’impunité et la corruption, sont des obstacles majeurs au démantèlement des gangs. Il faut donc que l’Etat haïtien fasse la lutte contre ces deux fléaux une priorité absolue, a-t-il prévenu.
« Il n’y a pas un jour à perdre. C’est de la survie d’Haïti qui est en jeu », a conclu William O’Neill.
Alix Laroche/HPN