Répondant depuis Port-au-Prince aux questions d’un journaliste de France 24, sur la situation d’Haïti ce lundi 10 octobre 2022, le professeur à l’université Camille Charlmers, directeur de la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA), a exprimé son indignation de voir le gouvernement d’Ariel Henry formuler, sans réserve, la demande d’une nouvelle intervention de militaires étrangers sur le territoire national.
« Nous ne pouvons pas continuer à répéter les mêmes erreurs. Les preuves accablantes de différentes missions étrangères en Haïti ces dernières années sont là. Ces interventions étrangères n’ont jamais rien apporté de positif. Au contraire, les choses se sont aggravées au fil des ans. », a déclaré Camille Charlmers avec un sentiment d’indignation.
Le professeur Charlmers soutient que la conjoncture actuelle du pays sur le plan sécuritaire avec les gangs armés, semble montrer qu’il y a une instrumentalisation de cette violence criminelle à des fins politiques pour conforter le pouvoir du PHTK et justifier aussi l’intervention militaire qui, dans les différents cas vécus ces dernières années, a toujours fait alliance aux forces rétrogrades et antidémocratiques de la nation.
D’après le représentant de la PAPDA, la solution à ce problème c’est de couper ce lien organique entre le pouvoir central et les groupes armés illégaux, dont la mise en place dans divers coins du pays répond à un projet de l’extrême droite, représentée par le PHTK et d’autres alliés qui veut redéfinir le système politique haïtien et qui affirme sans cesse une espèce de nostalgie par rapport à la période des Duvalier.
Parlant de l’indignation collective du peuple haïtien observée ces derniers jours dans une Haïti qui porte encore les stigmates de la colonisation, Camille Charlmers pense que le problème réel du pays demeure, ces forces rétrogrades et ce qu’on appelle la communauté internationale qui a une lecture totalement erronée de la crise haïtienne et de ce qu’il faut faire pour aider le peuple haïtien à résoudre cette crise.
« Je pense que cette situation d’insécurité, de crises socio-politiques et économiques que vit actuellement le pays, génère des conflits et des affrontements multiples », a répondu l’économiste à la question du journaliste sur l’action des gangs armés et la crise politique.
Selon lui, il faut dénoncer et décanter ce qui est l’action des gangs paramilitaires et l’action démocratique citoyenne de la mobilisation populaire qui réclame justement un changement de système et une transition de rupture qui permettrait de faire la lumière sur les crimes commis et de définir un système politique qui soit à la hauteur des aspirations du peuple.
Alix Laroche/HPN
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