"Pour la réconciliation et la paix": tel est le thème qui a été retenu pour cette édition carnavalesque remarquable à Port-au-Prince. Pour causes d'insécurité et du rationnement drastique d'électricité ; deux des problèmes majeurs que le gouvernement serait incapable de surmonter, les organisateurs fixaient le défilé dans l'espace temps allant de 10 heures du matin à 6 heures du soir. Une tranche d'heures qui constitue un véritable calvaire notamment pour les gens retenus pour ce défilé sur le macadam, constate Haiti Press Network.
Le troisième jour gras est déjà lancé depuis quelques heures. C'est parti! En voici les contractuels retenus pour le défilé, qui foulent, malgré eux, une fois de plus, les artères d'une capitale plutôt cinyque, couverte de fatras, sous un soleil de plomb, à destination finale du Champ de Mars.
Des enfants, des jeunes filles et des jeunes garçons qui représentent un échantillon de filles et de fils des moins nantis de la société, dansent timidement, en dirait même contre leur gré, leur misère sous les rayons d'un soleil flambant qui agressent la peau jusqu'à la mélanine.
Et l'on a l'impression que les autres de leur côté, sont joyeux d'avoir réussi ça. Ils sont contents d'avoir réussi à faire danser un embrillon de la population, en dépit de toutes les difficultés auxquelles fait face cette population désoeuvrée qui ne sait à quel saint s'adresser dans une des plus abjectes misères, où la cherté de la vie et l'insécurité constituent ses deux plus grands maux depuis bien des années.
Faire danser des insouciants qui ont la conscience quelque peu troublée pour une raison ou pour une autre, est bien une marque de réussite pour ceux et celles qui doivent justifier à tout prix, 100 millions de gourdes de débours au Trésor public pour l'organisation d'un quelconque carnaval qui, en réalité, devrait être une vitrine pour le pays, mais plutôt boudé par la majorité de la population qui n'a nullement la tête à ça, faute d'une conjoncture fragile, où aucune sécurité n'est garantie par l'État. Définitivement, pourrait-on dire à Dieu à la tradition en Haïti ?
Alix Laroche/HPN
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