Dans un communiqué publié ce lundi 23 décembre, la Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH) exprime sa profonde douleur face à l’aggravation de la crise multidimensionnelle qui frappe Haïti. L’organisation déplore une situation marquée par une instabilité politique chronique, une économie en déroute, une dégradation sociale et environnementale, et une catastrophe humanitaire sans précédent, aggravée par une violence terroriste croissante.
Malgré l’accord du 3 avril 2024 ayant établi le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) pour rétablir l’ordre institutionnel, l’instabilité politique persiste. Selon la COPAH, ce conseil, déjà critiqué par plusieurs acteurs politiques et civils, est désormais entaché par un scandale de corruption impliquant trois de ses membres, accusés d’avoir détourné 100 millions de gourdes. Ces accusations affaiblissent davantage la confiance de la population envers les institutions, tandis que des appels se multiplient pour remplacer le CPT par une direction transitoire confiée à un juge de la Cour de cassation.
Le Conseil Électoral Provisoire (CEP), chargé d’organiser des élections d’ici fin 2025, est également sous le feu des critiques. Depuis 2016, Haïti n’a pas organisé de scrutin, devenant ainsi le seul pays de la région sans dirigeant élu depuis près de dix ans.
La COPAH souligne les graves conséquences de l’insécurité généralisée et de décennies de mauvaise gouvernance sur l’économie nationale. Avec une inflation de 27,90 % en septembre 2024 et un PIB en recul, les Haïtiens font face à une flambée des prix des biens essentiels. La paralysie des activités commerciales, due au contrôle exercé par les gangs armés regroupés sous l’organisation “Viv Ansanm,” aggrave encore la situation.
L’insécurité alimentaire atteint des proportions alarmantes, affectant 5,4 millions de personnes, dont 2 millions en situation d’urgence. Les déplacés internes, vivant dans des conditions extrêmement précaires, font face à la faim, à la malnutrition et à un risque élevé de mortalité.
En 2024, les violences perpétrées par des groupes armés tels que “Viv Ansanm” et “Gran Grif” ont causé la mort de près de 5 000 personnes et le déplacement de 280 000 autres. Des massacres, des incendies et des destructions massives ont été rapportés dans des quartiers tels que Carrefour-Feuilles, Gressier et Canaan. Malgré les efforts de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) et de la Police Nationale, les gangs continuent de semer la terreur.
Face à cette situation critique, la COPAH appelle à la restauration de l’État de droit, au renforcement des institutions démocratiques, à l’éradication des gangs armés, à une assistance humanitaire immédiate pour les déplacés et les populations vulnérables, ainsi qu’à l’organisation d’élections crédibles, conformément à l’accord du 3 avril 2024.
La COPAH conclut en exhortant tous les Haïtiens à s’unir dans un esprit de partage, d'unité pour le futur d'Haïti.
Yves Paul Léandre
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