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Haïti-2024 : 2025, l’année du changement en mémoire des victimes, l’heure a sonné !

Dernière mise à jour : il y a 5 jours




 

La Rédaction de Haiti Press Network publie un texte inédit de l’ancien ministre de l’Environnement Abner Septembre dans lequel il présente le cri d’un Citoyen face à la gravissime situation de la vie Nationale. M. Septembre souligne que ce cri n’est pas non plus un réquisitoire contre les nantis encore moins la voix d’un politicien qui cherche à conquérir le Pouvoir politique. Pour Abner Septembre la pensée individualiste est loin de résoudre les problèmes d’Haïti il faut plus : Une prise de conscience collective et un sursaut patriotique. Ce discours, nous l’avons certainement déjà entendu ; cependant, cela n’empêche qu’à la fin de cette année 2024, la rédaction de HPN fasse une nouvelle fois écho de cette réflexion proposée par M. Septembre à ce moment critique de la vie Nationale pour une fois de plus tenter un réveil de la conscience à l’instar de 1791 et de 1803, des années charnières de notre vie de peuple et de notre République.

 

Par Abner Septembre, ancien ministre de l’Environnement

Ce matin, le soleil est à demi-teinte, obstrué par les nuages au levant. La vie semble s’arrêter. Tout est calme. Pas une feuille ou une branche qui bouge. Les oiseaux font leur parade calmement. Pendant que j’effectue mes mouvements, mon chaton joue entre mes pieds. De son côté, sa maman fait la grasse matinée sur le sofa du salon des trois palmiers.  Le soleil a finalement gagné la bataille.  Il a inondé la nature de ses rayons et illuminé un ciel totalement dégagé dont la beauté irrésistible n’appartient qu’à ceux et celles qui croient dans le pays. De là vient ma question : comment vaincre comme le soleil ce voile qui assombrit et bloque le quotidien d’Haïti ?




 

Ce qui suit n’est pas le discours ni d’un politicien ni de quelqu’un qui cherche des appuis pour planifier sa conquête du pouvoir, encore moins de quelqu’un qui veut laisser pousser sa barbe ou qui cherche à être vénéré en martyr. Ce n’est pas non plus un réquisitoire contre les nantis. C’est plutôt un discours contre un état d’esprit qui caractérise et secoue la société haïtienne : la cupidité et l’anarchie.  Imaginez que ces tares ont été dénoncées depuis près d’un siècle, soit en 1929, par le Dr Jean Price Mars.  C’est donc le regard critique et désappointé d’un citoyen engagé qui souffre le martyre, qui croit dans la dialectique du « Vox populi, vox Dei » et dans le grand potentiel non encore valorisé qui sommeille dans les replis du présent, objet de convoitises qui déchirent et brûlent Haïti.

 

Pouvez-vous fêter pendant que Haïti brûle ?

En ce moment gravissime de la vie nationale, ponctué de corruption et d’impunité, de catastrophes naturelles, de refoulements internationaux et de mesures isolationnistes, de violences inouïes des gangs et de massacres de leurs propres frères et sœurs, provoquant des déplacements massifs, de territoires perdus, d’insécurité alimentaire qui touche près de 50% de la population, d’institutions brûlées ou fermées comme des hôpitaux, des écoles, des universités hypothéquant l’avenir des jeunes et du pays, et de tant d’autres méfaits visibles et non visibles, dont même une évaluation exhaustive ne saurait faire ressortir toutes les conséquences, l’esprit ne peut pas être au spectacle réjouissant.

 

En passer outre pour s’amuser et vivre comme si tout était normal est un acte de déni, d’égoïsme et de crachat sur le sort des victimes, comme si elles étaient responsables de leur propre malheur. C’est en outre se montrer non seulement incapable de voir le pays, dans son état actuel, comme un bateau sans gouvernail qui dérive sur une mer houleuse, dont nous sommes tous les occupants exposés aux mêmes risques et dangers. Persister malgré tout dans l’indifférence, au nom de la liberté individuelle, c’est être prédisposé à revivre les mêmes expériences et même à s’exposer au pire comme dans la parabole de la grenouille.

 




Quel est votre camp ?

Vous pouvez cependant le faire, parce que vous avez les moyens de payer un hélico à plus de 2,500 dollars pour vous évacuer au Cap-Haitien et ensuite plus de 800 dollars (« one way ») pour vous rendre à Miami. Vous pouvez le faire, parce que vous avez les moyens d’acheter à manger, à boire et d’autres articles dans quelques supermarchés encore ouverts, dont on ne sait pas comment ils ont pu s’approvisionner en produits frais. Vous pouvez le faire, parce que vous circulez dans des véhicules blindés ou en allumant vos sirènes intempestives qui polluent et en franchissant à vive allure les rues, avec une escorte d’agents de sécurité, dont certains sont payés par les taxes du peuple. Vous pouvez le faire, parce que vous avez des génératrices et des installations solaires qui éclairent votre maison, alimentent vos matériels, vos gadgets et accessoires.




 

Oui, vous pouvez fêter, parce que vous pouvez vous réunir entre vous derrière les murs qui fortifient votre maison pour boire, manger, danser et rire de la souffrance du peuple, en pensant que les affaires des cafards ne concernent pas les poules. Vous pouvez fêter, parce que malgré tout votre activité marche et que votre compte n’est pas réduit à une peau de chagrin. Vous pouvez fêter, parce que la situation telle qu’elle est vous arrange, parce que vous êtes parmi ceux/celles qui commanditent ce chaos et le contrôlent à distance ou parce que vous vous faites complices de leurs intérêts pour mieux protéger les vôtres. Vous pouvez fêter, parce que votre intelligence vous fait croire que le peuple sera toujours dupe et soumis, et qu’après avoir œuvré comme une sangsue vous pouvez maintenant ouvrir les veines du pays pour sucer les dernières gouttes de sang qui lui restent. Vous pouvez fêter, parce que vous avez trouvé un sauvetage personnel et exceptionnel en des circonstances dramatiques antérieures, comme lors du tremblement de terre ou des périodes de « rache manyok », et que vous pensez qu’il sera toujours ainsi. Vous pouvez fêter, parce vous vous donnez mille autres raisons de vous réjouir en toute impunité, en cette période qui demande au contraire de la compassion, qui invite plutôt au partage et à la solidarité.

 

Mais, si tout cela ne définit ni votre profil, ni votre état d’esprit, et encore moins votre conscience, rejoignez le camp du peuple pour aider à sortir le pays de sa souffrance mortifère et à faire taire les armes assassines. L’État se montre incapable de juguler la méga-calamité qui le torpille. Ce semblant de vie normale qui règne partout dans le pays doit s’arrêter pour signifier la déception du peuple, pour exprimer son épuisement, pour protester et pour désobéir, tout en se rappelant qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Et si aujourd'hui, les quartiers populaires étaient devenus de véritables centres de formation pour les jeunes avec tous les métiers et des investissements pour les PTME.




 

Quelques pistes pour amorcer le changement

Aujourd’hui, il n’y a plus de place pour les lâches, les indécis, les traîtres et les neutres. Il y a tout simplement une lutte à faire pour libérer le pays du vrai ennemi et non de son ombre. C’est maintenant.  L’heure est venue de choisir son camp. L’année 2025, c’est le temps du changement vrai, profond et durable qui sonne. C’est ça le vœu que chacun de nous doit faire honnêtement l’un l’autre pour le bien du pays.  C’est à cette conscience et solidarité auxquelles le peuple en appelle, un appel à la résistance, à la mobilisation générale, en Haïti et dans la diaspora, avant qu’il ne soit trop tard. Mais, comment résister, protester et désobéir ? Comment mettre définitivement hors-jeu les mains sacrilèges qui étranglent ? Comment construire ce nouveau Haïti par nous-mêmes et pour nous-mêmes ?

·       De la manière qui ne viole pas la loi « political correct » et qui ne lèse pas nos propres intérêts (ne pas tirer de balles dans nos pieds ou ne pas scier la branche sur laquelle on est assis, à moins que cela exige de notre part le plus grand sacrifice) ;

·       Dans l’unité qui nous rendra invincibles et capables de forcer les décideurs à agir efficacement en notre faveur, d’attirer favorablement l’opinion internationale et de bénéficier de sa solidarité ;

·       Grâce à notre regroupement autour de structures réunissant des leaders honnêtes, crédibles, patriotes, compétents (ça n’inclut pas uniquement l’aspect intellectuel), intelligents et expérimentés (davantage de jeunes que de gérontes) que nous connaissons et en qui nous avons le plus confiance pour nous mobiliser et mener ensemble le bon combat, en vue de changer ce système de caste plus que bi séculaire, qui maintient la grande majorité de la population dans la privation de ses droits les plus élémentaires.

·       À Noël et/ou au Nouvel An, réunissons-nous en petit groupe, par quartier ou zone, pour discuter, manger et boire ensemble si possible, identifier et analyser le vrai ennemi à combattre (son identité, ses modes opératoires, ses forces et son talon d’Achille), prendre avec lucidité des décisions intelligentes et réalistes, pour planifier et lancer le grand combite de changement en 2025, faisant passer de la pulsion de détruire à la passion de construire et d’édifier des citadelles (pour enrichir l’idée de Hérold Toussaint). D’où le besoin de nous inventer une nouvelle pédagogie et andragogie du changement.

 



Conclusion

Est-ce trop vous demander que de mettre une sourdine en ce temps de fête à vos loisirs et plaisirs habituels pour vous consacrer davantage à cet exercice que commande le devoir patriotique ? Est-ce au-dessus de votre capacité ? Ne devez-vous pas vous engager, vous aussi, pour mériter le changement que vous désirez tant ?   À vous, jeunesse d’Haïti, je vous rappelle cette parole de Dessalines qui vous concerne : « Souvent la tête qui recèle le feu bouillant de la jeunesse contribue plus efficacement au bonheur de son pays que la tête froide et expérimentée du vieillard qui temporise dans les moments où la témérité seule convient » (Thomas Madiou : Histoire d’Haïti, 1803 – 1807 ; Tome III, page 218).

 

Abner Septembre

Citoyen haitien,18.12.2024

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