Durant le mois de novembre les attaques des groupes armés se sont intensifiées contre la population civile. Le quartier de Solino a subi les assauts récurrents de la coalition de gangs « Viv Ansanm », ce qui a forcé les habitants à fuir leur quartier pour se réfugier dans des camps de fortune. Les quartiers de Delmas, Canapé vert et Pétion-ville sont les nouvelles cibles des bandits qui veulent à tout prix mettre le peuple haïtien en déroute. Cette situation de chaos généralisé a occasionné plus de 150 personnes assassinées en une semaine et a augmenté à plus de 40.965 le nombre de déplacés internes. Presque toutes les écoles de la zone métropolitaine sont fermées et le pourcentage des enfants déplacés vers les camps est très élevé selon la dernière mise à jour de l’Organisation Internationale de l’Immigration (OIM) paru le 22 novembre 2024.
En fuyant leurs demeures, les personnes déplacées internes (PDIs) ont tout perdu. Le mode opératoire des bandits consiste à piller les effets puis brûler les maisons avec tous leurs contenus ; ainsi ceux qui rechignent à se déplacer sont passés par les flammes et les balles assassines, informe le CPD.
Combite pour la paix et le Développement (CPD) dit avoir observé un manque énormément d’espace d’hébergement pour les PDI. Les personnes déplacées de Solino et Delmas 24 peinent encore à trouver un endroit sûr pour s’abriter d’autant plus que les bandits élargissent leur territoire semaine après semaine. « Nous avons comptabilisé 19 sites accueillant la plupart des PDI de Delmas 24 et Solino. Les conditions d’hébergement sont indignes de la condition humaine. Tout manque. Les PDI dorment à la belle étoile et sont exposées aux intempéries. Les enfants sont mêlés aux adultes, qui, très souvent ne sont pas de leur famille, ce qui exacerbe les cas de violences sexuelles », souligne le CPD.
Ces conditions montrent clairement que les PDI ne sont pas à l’abri des balles ; pour preuve, deux personnes ont été blessées par balles à Nazon au site d’hébergement du Bureau de l’Éducation Nationale; même situation sur le terrain Accra, à Delmas 32 ou deux autres PDI ont été touchées par des balles perdues.
Face à la montée incessante de la violence des gangs, CPD invite les autorités du gouvernement à tout mettre en œuvre pour freiner les attaques des gangs. Reconnaissant le travail des forces de l’ordre, l’organisation estime qu’il en faudra plus pour soulager la misère de la population. Nous recommandons aux autorités de mettre en place un plan de protection en consultation avec tous les acteurs humanitaires et les organisations de base afin de venir en aide à la population nécessiteuse. Ce plan devra nécessairement inclure des mécanismes devant faciliter le retour rapide des enfants à l’école et la protection des femmes et des filles contre les violences sexuelles.
En attendant de rétablir un climat sécuritaire serein et stable pour un retour à l’ordre et la normalité dans le département de l’Ouest, il y a urgence d’adresser la situation des PDI cherchant désespérément un abri ou se reposer et de quoi à manger. CPD en appelle aux Agences humanitaires internationales et nationales à répondre aux besoins suivants : eau potable- nourritures- toilettes mobiles-tentes mobiles –points de lavage des mains- éclairage –chlore-savons-ect.
Cette crise multidimensionnelle ne peut plus continuer à perdurer dans le pays. Des actions concrètes doivent être posées pour freiner cette situation macabre qui bloque l’avancement et le progrès d’Haïti vers les objectifs du développement durable (ODD). CPD veut rappeler aux acteurs nationaux de la société civile, qu’il est de leur devoir de venir en aide à la population haïtienne déplacée. La vie et la dignité humaine des déplacés internes comptent, termine le CPD.
Godson Lubrun
HPN
Image : Archives
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