L’augmentation de la violence et la résurgence du choléra en Haïti pourraient empêcher plus de 2,4 millions d'enfants de retourner à l'école, selon un communiqué acheminé, ce vendredi 7 octobre 2022, par l’Organisation des Nations-Unies pour l’enfance (UNICEF). Lire intégralement le communiqué ci-dessous.
Au début d'une nouvelle année scolaire en Haïti, les troubles sociaux, la violence des gangs et la résurgence du choléra pourraient empêcher plus de 2,4 millions d'enfants d'aller à l'école, a averti l'UNICEF aujourd'hui.
Malgré la rentrée scolaire lundi 3 octobre, la majorité des écoles n'ont pas rouvert et resteront fermées si les violences ne s'apaisent pas. Considérant les différents appels de la société civile pour que les élèves, les parents et les enseignants se déplacent en toute sécurité et la création d'environnements propices à l'apprentissage, le ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) prévoit un retour progressif à l'école.
« L'éducation est la voie pour un enfant vers un avenir meilleur. Il est impératif que les écoles restent ouvertes et que les enfants puissent les fréquenter sans crainte », a déclaré Bruno Maes, Représentant de l'UNICEF en Haïti. « La fermeture continue des écoles alimente une spirale perverse - un enfant non scolarisé est un enfant sur le point d'être recruté de force dans des groupes armés et d'aggraver la violence qui maintient les écoles fermées ».
La résurgence du choléra peut également avoir un impact sur le droit des enfants à l’éducation. Depuis que le choléra a été signalé pour la première fois le 2 octobre, 152 personnes sont suspectées d'être atteintes de la maladie, sept décès ont été signalés et 12 cas positifs ont été confirmés. De plus, Médecins Sans Frontières (MSF) a signalé le décès de deux enfants à cause de la maladie.
Les évaluations du MENFP et de l'UNICEF menées en juin montrent que plus de 200 écoles ont été partiellement ou complètement fermées par la violence à Port-au-Prince, et près d'une école sur quatre était occupée par des groupes armés. Au cours des trois dernières semaines, 27 écoles supplémentaires ont été attaquées et pillées par des groupes armés, privant les enfants de leur droit à l'éducation.
Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, des groupes armés occupent des bâtiments scolaires, réduisant encore plus l'accès à l'éducation pour les enfants et les jeunes d'Haïti. La recrudescence des troubles à travers le pays a également contraint des familles à fuir leurs foyers, dont certaines cherchent refuge dans des édifices scolaires, et à déplacer des enfants sur de longues distances de leurs écoles.
Plus de 6 000 ménages, environ 20 000 personnes dont 8 200 enfants, ont été contraints de fuir les zones urbaines pour leur sécurité. Des familles vivent avec des parents lointains et des familles d'accueil, et d'autres ont déménagé dans des villes de province.
Pour les enfants qui font face aux troubles civils, les écoles vont au-delà des lieux d'apprentissage parce qu’elles leur offrent le soutien des enseignants et de leurs pairs, l'accès aux repas scolaires, un sentiment de normalité et un soutien psychosocial, essentiels à leur santé et à leur bien-être.
La malnutrition, provoquée par plusieurs facteurs, dont la violence, est également en augmentation. Les dernières données disponibles montrent qu'à Cité Soleil, la plus grande zone urbaine pauvre de la capitale, un enfant sur cinq de moins de cinq ans souffre de malnutrition.
Le pillage des locaux de l'UNICEF et de ses partenaires aura un impact supplémentaire sur le secteur de l'éducation en Haïti. Le 6 octobre, des groupes de personnes sont entrés dans les entrepôts de l'UNICEF aux Cayes, dans le sud d'Haïti. Ils ont pillé des fournitures médicales et nutritionnelles, du matériel de réparation des systèmes d'approvisionnement en eau et du matériel scolaire, prépositionnés pour répondre aux besoins humanitaires de 320 000 enfants, réduisant leur accès à un environnement d'apprentissage adéquat.
« A moins que des investissements financiers urgents ne soient faits, la crise risque de s'aggraver », a déclaré Maes. « Nous avons déjà vu cela en Haïti. L'horloge tourne pour inverser la tendance. Des ressources immédiates sont nécessaires pour s'assurer que chaque enfant haïtien puisse avoir la possibilité d'apprendre, de grandir et de s'épanouir.
Fin 2021, l'UNICEF a lancé un appel de 97 millions de dollars pour atteindre 950 000 personnes, dont 520 000 enfants en Haïti avec une aide humanitaire. À ce jour, l'UNICEF n'a reçu qu'un tiers de ces fonds.
AL/HPN
Comments